AFRIQASH
Participer Contactez-nous

Kenya : une nouvelle ère pour la régulation des jeux d’argent

Le Kenya franchit une étape majeure dans la régulation de son industrie des jeux et paris. La Betting Control and Licensing Board (BCLB), organe historique chargé d’autoriser et de superviser les opérateurs de jeux depuis plus de soixante ans, cède désormais la place à la Gambling Regulatory Authority of Kenya (GRA). Cette transition intervient à la suite de la promulgation du Gambling Control Act, 2025, une loi ambitieuse visant à moderniser le cadre légal du secteur et à renforcer la transparence dans un domaine souvent entaché de controverses.

Un nouveau régulateur, une mission élargie

La création de la GRA marque une refonte complète du système de contrôle des jeux d’argent au Kenya. Contrairement à la BCLB, dont les fonctions étaient limitées principalement à la délivrance des licences, la nouvelle autorité disposera de pouvoirs plus étendus. Elle aura pour mission de réguler, superviser et contrôler l’ensemble des activités de jeux : paris sportifs, casinos, loteries, jeux en ligne et autres formes de divertissement numérique impliquant des mises financières.

Le Gambling Control Act, 2025 introduit également de nouvelles exigences de conformité pour les opérateurs : obligations de transparence financière, mécanismes de vérification des joueurs, protection renforcée des mineurs, et politiques strictes contre le blanchiment d’argent.

Un secteur en pleine expansion, mais sous tension

Depuis une dizaine d’années, le Kenya s’est imposé comme l’un des marchés les plus dynamiques du jeu en ligne en Afrique. L’explosion des paris sportifs, notamment via les plateformes mobiles, a généré des revenus considérables mais aussi des inquiétudes croissantes sur les risques d’addiction et la perte de contrôle des jeunes joueurs.

Face à ces dérives, le gouvernement kényan souhaite désormais imposer une discipline réglementaire plus rigoureuse. Le nouveau cadre légal prévoit des sanctions sévères en cas de non-conformité, et introduit des mécanismes de coordination avec les opérateurs télécoms et les institutions financières afin de mieux tracer les flux d’argent issus du jeu.

Un enjeu économique et social

Pour Nairobi, la réforme vise à réconcilier deux impératifs : maintenir la contribution économique d’un secteur estimé à plusieurs milliards de shillings, tout en limitant ses effets sociaux négatifs.
La GRA devra donc trouver un équilibre entre attractivité économique et responsabilité sociétale, un défi déjà rencontré par plusieurs pays africains confrontés à la montée rapide des jeux numériques.

Une réforme symbolique pour l’Afrique de l’Est

Le Kenya rejoint ainsi un mouvement plus large sur le continent, où plusieurs États — du Ghana à la Tanzanie — révisent leurs cadres réglementaires pour adapter la gouvernance des jeux à l’ère du numérique.
La mise en place de la Gambling Regulatory Authority pourrait servir de modèle régional si elle parvient à instaurer une régulation efficace, transparente et socialement responsable.

En somme, la fin de la BCLB et la naissance de la GRA ne constituent pas qu’un simple changement administratif. C’est le signe d’un tournant politique et institutionnel, dans un secteur où se croisent désormais technologie, fiscalité, protection des citoyens et souveraineté numérique.

Related Articles & Reports

Related Country Profiles