À Kampala, l’affaire a commencé comme une rumeur chuchotée dans les quartiers populaires de Rubaga. Des machines à sous clandestines, dissimulées derrière les portes closes d’une échoppe ordinaire, attiraient chaque soir leur lot de clients. L’Office national des loteries et du jeu (NLGRB), déjà sur le qui-vive, a fini par lancer son filet. Nom de code : Mashine Haramu, « machines interdites » en swahili.
L’opération, menée main dans la main avec la police ougandaise, n’avait rien d’improvisé. Des semaines de filatures, d’agents infiltrés, de signalements anonymes. Quand le coup de filet est tombé à Lungujja et Kikandwa, le décor ressemblait à celui d’un atelier de contrefaçon : près de quatre cents cartes mères entassées, des machines d’origine chinoise prêtes à être installées, des sacs pleins de pièces détachées. Tout cela au cœur d’une simple boutique de quartier.
L’homme arrêté n’était pas un baron du crime. Juste un maillon, un intermédiaire assez sûr de lui pour transformer sa boutique en entrepôt clandestin. Conduit à la Central Police Station de Kampala, il doit maintenant répondre devant la justice pour infraction à la Lotteries and Gaming Act. Mais derrière lui, c’est toute une chaîne qui se dessine : importateurs, assembleurs, distributeurs, joueurs happés par la promesse de gains rapides.
Pour le NLGRB, l’enjeu dépasse l’arrestation d’un seul suspect. L’opération Mashine Haramu vise à frapper un écosystème parallèle, un marché noir qui prolifère loin des régulations et expose les communautés aux dérives du jeu illégal. L’organisme appelle désormais les citoyens à rompre le silence, à signaler les lieux suspects. Car, dans cette guerre discrète, la dénonciation publique devient une arme aussi puissante que les descentes de police.
À Kampala, les machines saisies gisent désormais sous scellés. Mais pour les enquêteurs, ce n’est qu’un début. La traque continue, et les « casinos de l’ombre » savent que l’étau se resserre.
